À Vence, un MB 100 « Sprinter » de 1993 toujours fidèle au poste après 32 ans de service

Dans les ruelles étroites de Vence, un fourgon au look rétro et à la ligne sobre fend toujours l’air chaud des collines azuréennes : un MB 100 « Sprinter » de 1993, première main et toujours en service. À son volant ou dans son sillage, Lucie Giordano, gérante du magasin Giordano Électroménager, perpétue une tradition familiale où fiabilité et attachement mécanique vont de pair.

Ce vénérable utilitaire, acquis neuf chez Mercedes-Benz Villeneuve-Loubet, alors succursale officielle de la marque à l’étoile, est toujours aux mains de la même famille. Lucie Giordano, aujourd’hui à la tête du magasin Giordano Électroménager, en a hérité de son père, qui l’avait choisi pour ses qualités de fiabilité et de maniabilité. « Il cherchait un véhicule robuste, capable d’encaisser les kilomètres sans broncher. Le MB 100 s’est imposé naturellement », confie la gérante.

Avant même sa première livraison, ce MB 100 avait déjà droit à une modification sur-mesure : une rehausse de toit, réalisée par un artisan spécialisé dans les coques de bateau. À l’époque, Mercedes-Benz ne proposait pas encore de version à toit surélevé en usine. Une transformation artisanale, mais parfaitement adaptée aux besoins de l’entreprise : transporter des réfrigérateurs dans un espace suffisant sans compromettre la stabilité du véhicule.

Aujourd’hui encore, ce MB 100 diesel continue de sillonner les rues de la région, principalement sur de courtes distances. Le compteur affiche à peine 147 000 km, un chiffre dérisoire pour un véhicule de cet âge, surtout au regard de son état de conservation. « Il est agréable à conduire, grâce à sa direction assistée, et il se faufile partout grâce à sa carrosserie étroite », témoigne Mme Giordano. Un atout de taille dans les petits villages perchés des Alpes-Maritimes.

Le MB 100 n’est pas un utilitaire comme les autres. Lancé initialement en Espagne à la fin des années 1980, il est le fruit d’un projet industriel méconnu. Issu des anciens plans de DKW, filiale du groupe Auto-Union, le véhicule a vu le jour à Vitoria, au Pays basque espagnol, dans une usine reprise par Daimler-Benz. Ce site, autrefois dédié à la fabrication de modèles DKW, a été transformé pour accueillir la production du MB 100, une machine à tout faire pensée pour les marchés sud-européens, nord-africains et sud-américains.

Sous le capot, le MB 100 D français abrite un moteur OM 616 de 2 399 cm³, développant 72 ch, couplé à une boîte à cinq vitesses. Une configuration modeste, mais suffisante pour les missions du quotidien.

Fait peu connu : l’appellation « Sprinter » est née… en France. En 1991, Mercedes-Benz France décide de rebaptiser le MB 100 lors d’un restylage. Cette appellation, d’abord limitée à l’Hexagone, va séduire jusqu’à la maison-mère, qui la reprendra en 1995 pour un tout nouvel utilitaire : le Mercedes Sprinter, qui fête cette année ses 30 ans d’existence.

Le MB 100, quant à lui, connaîtra une belle carrière avec 207 000 exemplaires produits en huit ans, dont 73 000 vendus en Allemagne. Une success-story discrète mais durable.

Aujourd’hui, le MB 100 de Lucie Giordano est bien plus qu’un outil de travail : c’est un compagnon fidèle, témoin d’une saga familiale et industrielle. Avec ses sièges d’origine, ses enjoliveurs conservés et son moteur ronronnant, il incarne une époque où l’utilitaire était avant tout synonyme de robustesse.

Et si certains y voient un vestige du passé, à Vence, il reste avant tout un symbole de fiabilité… et un monument roulant à l’histoire de Mercedes-Benz.