Le Circuit des Remparts d’Angoulême 2024 a marqué un moment historique en présentant en avant-première la reconstitution du prototype de la mythique Bugatti Type 35, qui célèbre cette année son centenaire. Révélée pour la première fois par Ettore Bugatti lors du XVIIIe Grand Prix de l’Automobile Club de France à Lyon, le 3 août 1924, cette voiture a marqué l’histoire de l’automobile avec son élégance et ses performances.
Bien que le prototype de la Bugatti Type 35 ait été présenté aux côtés de cinq voitures de course officielles lors du Grand Prix de 1924, il n’a pas pris part à la course. De retour à l’usine Bugatti à Molsheim, ce modèle a été modifié avec des améliorations notables, telles qu’un nouveau radiateur, une carrosserie revisitée, et des roues en aluminium chaussées de pneus Michelin 730×130. Sa transformation fut si profonde qu’elle l’éloigna du modèle de course d’origine, et la voiture fut vendue en Angleterre dès octobre 1924. Aujourd’hui, elle fait partie d’une prestigieuse collection suisse, et son histoire est bien documentée.
Le prototype de la Type 35 a posé les bases d’une lignée de Bugatti de Grand Prix, réputées pour leurs performances remarquables et leur design élégant, dont la Type 51 reste le dernier représentant. Ce véhicule exceptionnel, qui mêle histoire et mécanique de précision, a marqué le début d’une ère nouvelle pour Bugatti, renforçant sa réputation sur les circuits du monde entier.
La renaissance de ce prototype unique a été rendue possible grâce à Nicolas Salaün, un expert passionné de la restauration de voitures anciennes. Salaün raconte que son obsession pour la Type 35 a débuté en 1981 lors du centenaire Bugatti, où il fut émerveillé par la finesse des lignes du modèle. Après de longues recherches et des discussions avec des amateurs de Bugatti, il décide, en 1998, de relever le défi de reconstruire cette voiture emblématique, bien que ses premières impressions sur l’esthétique du prototype aient été mitigées.
Grâce à des études approfondies des photos d’époque, des plans originaux et des archives de l’usine, Nicolas Salaün a minutieusement recréé chaque élément de la voiture. La carrosserie, le châssis, le radiateur, et les roues ont été fabriqués selon les méthodes traditionnelles, telles que la fonderie, la tôlerie, et la sellerie, tout en intégrant des technologies modernes comme la modélisation 3D, l’usinage CNC et le dessin technique.
En 2024, à l’occasion du centenaire de la première et unique apparition de ce prototype, la reconstitution de la Bugatti Type 35 est enfin achevée. Ce projet, qui a nécessité des années de travail, d’expertise, et de passion, fait revivre un véhicule qui aurait pu être oublié, mais qui renaît comme une pièce unique de l’histoire automobile. Le défi qu’a relevé Nicolas Salaün souligne non seulement la complexité de la restauration d’un prototype de cette envergure, mais aussi l’importance de préserver l’héritage des voitures de légende comme la Bugatti Type 35.
Ce centenaire, célébré lors du Circuit des Remparts d’Angoulême, est une véritable ode à l’innovation, à l’histoire et à la passion pour l’automobile.
Crédit photos : photo François Baudin /austral