La Citroën DS : 70 ans d’élégance à la française

En 2025, la Citroën DS souffle ses 70 bougies, un anniversaire marquant pour l’une des voitures les plus emblématiques de l’histoire automobile. Lancée en 1955, la DS a révolutionné l’automobile par son design audacieux et ses innovations techniques, devenant rapidement un symbole intemporel de l’élégance à la française.

La Citroën DS : 70 ans élégance à la française

Lors de son lancement au 42ᵉ Salon de l’Automobile de Paris le 6 octobre 1955, la Citroën DS 19 crée une véritable onde de choc. Présentée dans une teinte jaune champagne avec un toit aubergine, la DS attire immédiatement l’attention, devenant la star incontestée de l’événement. Trois modèles sont exposés sous la nef du Grand Palais : un jaune champagne, un vert pomme avec toit champagne et un noir entièrement séduisant. Le public, enthousiaste et curieux, se presse autour de cette voiture qui semble sortir tout droit d’un autre univers.

Les rumeurs sur ses innovations techniques, ainsi que son design radicalement différent de tout ce qui existait à l’époque, alimentent les discussions. La presse spécialisée, notamment L’Auto-Journal, mène une campagne de teasing, créant un véritable phénomène d’anticipation. À la fin du salon, l’enthousiasme est palpable : 12 000 commandes sont enregistrées, un chiffre record pour l’époque.

La Citroën DS : 70 ans élégance à la française

La Citroën DS ne se contente pas d’être une voiture, elle devient un mythe. Roland Barthes, dans son livre Mythologie, évoque l’impact de la DS sur le public : “ La “Déesse” a tous les caractères d’un des objets descendus d’un autre univers” […] “La DS 19 ne prétend pas au pur nappé, quoique sa forme générale soit très enveloppé ; pourtant ce sont les emboîtements de ses plans qui intéressent le plus le public : on tâte furieusement la jonction des vitres, on passe la main dans des larges rigoles de caoutchouc qui relient la fenêtre arrière à ses entours de nickel. Il y a dans la DS l’amorce d’une nouvelle phénoménologie de l’ajustement, comme si l’on passait d’un monde d’éléments soudés à un monde d’éléments juxtaposées et qui tiennent par la seule vertu de leur forme merveilleuse, ce qui bien entendu, est chargé d’introduire à l’idée d’une nature plus facile.”

Le lendemain de sa présentation, le 7 octobre 1955, la production de la Citroën DS 19 débute à l’usine du quai de Javel à Paris, marquant ainsi le début d’une aventure automobile qui va transformer à jamais l’industrie.

Des innovations techniques impressionnantes

Lancé en 1938 sous l’impulsion de Pierre Boulanger, le projet VGD visait à succéder à la Traction Avant. Cependant, ce n’est qu’en octobre 1955, 17 ans après le début du projet, que la DS 19 voit enfin le jour. Trois hommes ont été particulièrement impliqués dans son développement, chacun marquant de manière indélébile cette aventure.

André Lefèbvre, ingénieur aéronautique de formation, a défendu l’idée des roues avant motrices, mais aussi l’importance de l’aérodynamisme, de la légèreté et du bon centrage des masses. Paul Magès, ingénieur autodidacte, a été l’inventeur de la suspension hydropneumatique qui révolutionnera l’automobile, ainsi que des systèmes hydrauliques d’assistance à la direction, au débrayage et au freinage. Enfin, l’Italien Flaminio Bertoni, styliste et sculpteur de talent, en collaboration avec son équipe de dessinateurs, a façonné les lignes de la DS. Le profil épuré de la DS, les lignes aérodynamiques et le carénage intégral témoignent d’une attention particulière aux détails.

La DS 19 se distingue par une pléthore d’innovations techniques qui redéfinissent les standards de l’industrie automobile. Parmi elles, son système hydraulique centralisé révolutionne la direction, le freinage et les suspensions. Ce dernier, basé sur une technologie hydropneumatique, offre un confort de conduite inégalé grâce à la possibilité de régler la garde au sol. Toutefois, cette fonctionnalité n’est pas encore présente sur les 200 premiers modèles.

La Citroën DS : 70 ans élégance à la française
Dessin de profil d’une supposée DS signé Flaminio Bertoni, 16 janvier 1955.

La voiture est également dotée d’une direction assistée à commande hydraulique, d’un système de freinage assisté, et de suspensions avec correcteur d’assiette sur les quatre roues. Le volant monobranche, une autre innovation notable, est conçu pour limiter les blessures au conducteur en cas de collision.

L’habitacle n’est pas en reste : le tableau de bord futuriste et l’agencement des commandes témoignent d’une approche centrée sur l’ergonomie. La DS 19 offre également une habitabilité étonnante, avec davantage de place pour les passagers arrière. La roue de secours, astucieusement placée à l’avant du véhicule, et la fixation des roues par un écrou central illustrent l’ingéniosité de son design.

La Citroën DS 19 est équipée d’un moteur de 1911 cm³, développant 75 chevaux à 4500 tours par minute. Si ces chiffres peuvent paraître modestes aujourd’hui, ils représentent une véritable prouesse pour l’époque. La différence de largeur entre les voies avant et arrière, ainsi que la distinction entre les dimensions des pneus avant et arrière, contribuent à la stabilité et au confort de conduite de la DS.

Dans les rues, l’engouement pour la Citroën DS est immédiat. Les premiers modèles circulant suscitent de véritables attroupements, tant cette voiture incarne la modernité de son époque. A sa sortie, la DS 19 est proposée à 9300 francs. 

En mars 1961, la Citroën DS gagne en puissance, passant de 75 à 83 chevaux grâce à une augmentation du taux de compression. Le moteur se dote de pistons à tête bombée et d’un nouveau carburateur double corps, apportant des améliorations notables en termes de performances.

Au fil des années cinquante, Citroën enrichit sa gamme autour de la légendaire DS 19. En octobre 1956, l’ID 19 fait son apparition, suivie, en 1958, par les déclinaisons Break, Familiale et Commerciale, sans oublier la luxueuse DS 19 Prestige. Cette même année, un vent de modernité souffle sur le modèle avec une palette de teintes inédites : le choix de couleurs pour la carrosserie double, passant de quatre à huit nuances.

L’année 1959 marque également un tournant esthétique. La DS 19 arbore une silhouette plus élancée grâce à l’allongement des ailes arrière et à l’ajout de grandes ouïes d’aération, dites « cendriers », sur les ailes avant.

Dès son lancement, la DS 19 s’impose sur la scène internationale. Dès 1956, elle est assemblée au Royaume-Uni et en Belgique, et, à partir de 1959, en Afrique du Sud. Véritable ambassadeur du style et de l’innovation à la française, le modèle conquiert l’Europe de l’Ouest, la plupart des pays du Commonwealth, notamment le Canada et l’Australie, ainsi que les États-Unis, où elle séduit rapidement une communauté de passionnés. Symbole d’avant-garde et d’élégance, la DS 19 incarne l’exception française sur les routes du monde entier.

La DS : une légende du rallye Monte-Carlo

En janvier 1956, à peine trois mois après son lancement, la DS 19 s’aligne pour la première fois au départ du mythique Rallye Monte-Carlo. Le résultat est saisissant : première de sa catégorie, première voiture française et un exploit remarquable, avec les six DS engagées franchissant toutes la ligne d’arrivée.

Trois ans plus tard, en 1959, l’équipage Coltelloni-Alexandre-Desrosiers décroche la première place du classement général, marquant le début d’une série impressionnante de performances de haut niveau. La consécration revient en 1966 avec la DS 21, qui triomphe une nouvelle fois à Monaco grâce au talent du duo finlandais Toivonen-Mikander.

Non contente d’être une grande routière réputée pour son confort et son élégance, la DS s’affirme également comme une compétitrice redoutable, capable de briller sur les circuits les plus exigeants à travers le monde.

L’ID 19 : l’avant-garde accessible selon Citroën

En 1956, Citroën poursuit son ambition d’innovation en dévoilant l’ID 19, une version simplifiée de la légendaire DS, pensée pour élargir son public. L’ID 19, tout en reprenant certaines des avancées technologiques de la DS, fait des concessions stratégiques pour proposer un véhicule plus abordable.

Sous le capot, l’ID 19 embarque une motorisation moins puissante et des équipements mécaniques simplifiés : une boîte de vitesses à commande manuelle et une direction non assistée. Côté design, la sobriété est de mise : disparition des flammes chromées à l’arrière, absence d’enjoliveurs et de panneaux décoratifs. À l’intérieur, le confort est réduit au minimum avec des garnitures modestes, une pédale de frein classique en lieu et place du bouton de frein assisté, et des accoudoirs intérieurs absents.

La production débute au printemps 1957, et la commercialisation est lancée le 2 mai de la même année avec deux versions au catalogue : Normale et Luxe. L’ID Normale se distingue par son moteur 11 D, son démarreur à tirette et sa finition rudimentaire, tandis que l’ID Luxe bénéficie d’un moteur à culasse hémisphérique, d’un démarreur à poussoir et de quelques améliorations esthétiques. Une différence notable réside dans la position de la roue de secours : dans le coffre pour l’ID Normale et à l’avant, comme sur la DS, pour l’ID Luxe.

L’offre s’enrichit rapidement. À l’été 1957, Citroën introduit une version Confort, plus proche de la DS en termes de finitions intérieures. En 1959, l’ID 19 évolue avec une nouvelle carrosserie six glaces, déclinée en variantes break, commerciale et familiale, élargissant ainsi son champ d’application. Les berlines, quant à elles, restent inchangées, hormis l’ajout de petits détails esthétiques, tels qu’un feu de position entre les portes et des enjoliveurs de roue sur les versions Luxe et Cabriolet.

Côté couleurs, l’ID Normale se limite au noir, tandis que l’ID Luxe propose des teintes variées comme le turquoise ou le capucine. Le toit, en plastique armé translucide couleur parchemin, et la lunette arrière en plexiglas restent communs aux deux versions, incarnant l’approche pragmatique et innovante de Citroën.

Avec l’ID 19, Citroën ouvre une nouvelle voie, celle d’une automobile à la fois avant-gardiste et accessible, confirmant son rôle de pionnier dans l’industrie automobile.

La Citroën DS 19 Prestige : le luxe français au sommet

En 1959, Citroën enrichit la gamme de sa célèbre DS avec un modèle résolument exclusif : la DS 19 Prestige. Pensée pour une clientèle exigeante composée d’hommes d’affaires, de figures politiques et de personnalités influentes, cette version symbolise l’élégance, le luxe et l’avant-gardisme à la française.

La Citroën DS : 70 ans élégance à la française


La DS 19 Prestige se distingue dès le premier regard par son élégance. Disponible uniquement en noir, elle incarne une sobriété raffinée, renforcée par des finitions intérieures méticuleusement conçues. Le bas des portières est habillé de moquette grise, tandis que les sièges et les panneaux de porte arrière arborent un revêtement en hélanca gris, un textile haut de gamme alliant robustesse et confort. Pour la partie conducteur, Citroën mise sur une sellerie en cuir gris, apportant une touche supplémentaire de sophistication.

La DS 19 Prestige se démarque également par son confort et ses équipements dignes de son statut. À l’arrière, une vitre de séparation garantit une intimité totale aux passagers. Une console gainée de cuir, intégrée au dos des sièges avant, propose des technologies d’avant-garde pour l’époque, comme un poste radio pré-sélectionné et un téléphone, livrés de série, témoignage du caractère exceptionnel de ce modèle réservé à une élite.

L’expertise d’Henri Chapron

Ce modèle doit aussi une partie de son prestige à Henri Chapron, l’un des plus grands carrossiers français. Basé à Levallois depuis 1927, son atelier s’est imposé comme une référence dans la conception de carrosseries haut de gamme. En 1958, Chapron collabore avec Citroën pour personnaliser les modèles Prestige, mais aussi pour créer des versions cabriolets de la DS, dont la version officielle « DS Cabriolet usine », dévoilée au Salon de Paris en octobre 1960. Cette déclinaison haut de gamme se distingue par une finition irréprochable : une sellerie entièrement en cuir, des phares additionnels et des enjoliveurs spécifiques introduits dès 1964. Le cabriolet, vendu près de deux fois le prix de la berline, reste aujourd’hui une icône du design automobile français.

Les premières DS modifiées par Chapron se reconnaissent par leurs chromes imposants, dissimulant les joints des ailes arrière. Entre 1960 et 1962, une avancée esthétique majeure voit l’introduction d’ailes arrière en une seule pièce, éliminant ces chromes pour un design plus fluide. Par ailleurs, Chapron enrichit sa gamme avec des modèles exclusifs comme les cabriolets « Caddy » et « Dandy » (2+2), puis, en 1963, avec la série « Palm Beach », qui remplace la « Croisette » et se distingue par de petites vitres latérales arrière.

La DS présidentielle : l’élégance à la française au service de la République

En 1968, la Présidence de la République française décide de moderniser son parc automobile officiel en commandant une nouvelle voiture à Citroën. Ce projet ambitieux a donné naissance à une berline d’exception : la DS présidentielle, réalisée en collaboration avec le carrossier Henri Chapron. Elle vient remplacer la limousine 15 CV Franay, qui est en service depuis 1955, et devait être un symbole de prestige surpassant même la Lincoln en usage à l’époque par le président des États-Unis.

La Citroën DS : 70 ans élégance à la française

Le cahier des charges de cette DS présidentielle est à la hauteur des attentes d’un chef d’État. Livrée au Général de Gaulle en novembre 1968, cette voiture est  destinée à être utilisée lors des cérémonies et des cortèges officiels. Pour répondre aux besoins spécifiques des défilés, elle est dotée de rapports de transmission spécialement étudiés. Ceux-ci permettaient à la voiture d’évoluer à une vitesse très réduite, entre 6 et 7 km/h, pendant plusieurs heures, et ce, même par temps chaud.

Malgré son poids imposant de 2 650 kg et ses dimensions hors normes (6,53 m de long), la DS présidentielle est équipée du moteur de la DS 21. Si cette motorisation suffit pour des déplacements solennels, elle limite cependant la vitesse de pointe.

L’automobile dans les années 50 - épisode 2

La DS présidentielle est bien plus qu’un outil de représentation. Elle incarne également le raffinement et l’élégance, à l’image de la France. La couleur de la voiture est choisie par Madame de Gaulle : une caisse gris alizé combinée à un pavillon couleur argent. Ce choix subtil reflète à la fois la sobriété et le prestige de la fonction présidentielle.

L’habitacle de la DS présidentielle est conçu pour offrir un confort optimal au Président de la République. Le compartiment arrière, particulièrement spacieux, est équipé d’une multitude d’aménagements spéciaux tels qu’un interphone, une radio, un conditionnement d’air, des vitres commandées électriquement ou encore un éclairage indirect.

La DS 21 : une évolution technologique et stylistique

En plein cœur des années 1960, Citroën poursuit l’évolution de sa célèbre gamme DS en introduisant un nouveau modèle phare : la DS 21. Lancée dans un contexte de modernisation, cette version se démarque par ses avancées techniques et ses innovations en matière de sécurité, qui renforcent encore l’image d’avant-gardisme associée à la marque.

Au centre de cette évolution, la DS 21 est équipée d’un nouveau moteur de 2175 cm³, doté d’un vilebrequin à cinq paliers, assurant une meilleure robustesse et des performances optimisées. Ce bloc moteur confère à la voiture une souplesse et une puissance adaptées aux attentes d’une clientèle en quête de dynamisme et de confort.

Le carénage avant a été entièrement redessiné afin d’améliorer le refroidissement du moteur, garantissant une meilleure fiabilité même lors des longs trajets. Par ailleurs, les jantes de la DS 21 se distinguent par l’absence de fentes et sont désormais fixées par cinq tocs, équipées des pneus Michelin XAS, spécialement conçus pour offrir une tenue de route supérieure.

La DS 21 s’illustre également par ses innovations en matière de sécurité. Elle inaugure un système d’inclinaison automatique des phares en fonction de l’assiette du véhicule, une technologie révolutionnaire qui améliore la visibilité en toutes circonstances. Un voyant de contrôle permet de surveiller l’usure des plaquettes de freins, tandis que le compteur intègre un rappel de la distance d’arrêt en fonction de la vitesse, un ajout pédagogique inédit pour l’époque..

Les années 60 : la Citroën DS, toujours en tête de l’innovation

Durant la décennie des années 60, la Citroën DS s’impose plus que jamais comme une référence incontournable de l’automobile mondiale. Confortable, élégante et dotée de technologies révolutionnaires, elle surpasse constamment ses concurrentes grâce à des évolutions régulières qui renforcent son statut de grande routière d’avant-garde.

Dès juillet 1959, la DS 19 voit son moteur de 1 911 cm³ passer de 75 à 78 chevaux, grâce à une nouvelle culasse et un système d’allumage repensé. En 1961, la puissance grimpe encore à 83 chevaux, permettant à la voiture d’atteindre une vitesse de pointe de 150 km/h. Mais ce n’est qu’un début : en octobre 1965, la DS franchit un cap majeur avec l’introduction d’un moteur de 2 175 cm³ sur la DS 21, délivrant 109 chevaux pour une vitesse impressionnante de 175 km/h.

En 1969, une avancée majeure révolutionne la mécanique : le moteur de la DS 21 reçoit une injection électronique, portant sa puissance à 139 chevaux et lui permettant d’atteindre plus de 185 km/h. Une performance qui assoit définitivement sa supériorité face à la concurrence.

L’esthétique de la DS, déjà saluée à ses débuts, ne cesse de se moderniser. En septembre 1962, elle bénéficie d’un premier restylage de sa face avant : les grandes grilles de ventilation sur les ailes disparaissent, le pare-chocs est équipé de butoirs en caoutchouc, et le bouclier inférieur est redessiné pour améliorer l’aérodynamisme, réduisant ainsi la consommation tout en augmentant la vitesse maximale à 160 km/h.

En 1967, la DS adopte un nouveau visage, unanimement salué comme une prouesse esthétique. Ce restylage introduit également une innovation majeure : les phares pivotants, montés en série sur les versions haut de gamme (Prestige, Pallas et Cabriolet), permettant d’éclairer l’intérieur des virages avant même de les aborder. Une avancée qui renforce la sécurité et le confort de conduite.

Le design intérieur de la DS évolue également au fil des années. En septembre 1962, une planche de bord noire soulignée d’un bandeau gris clair est introduite, avec la possibilité d’y intégrer un autoradio, comme sur la version Prestige. En 1969, une refonte complète de l’habitacle voit le jour : une nouvelle planche de bord au design moderne intègre trois cadrans ronds et une visière couvrant toute sa largeur, renforçant le caractère avant-gardiste de la DS.

DS Pallas : le luxe à la française

Présentée en octobre 1964 lors du Salon de Paris, la Citroën DS Pallas marque une révolution dans le paysage automobile français. Avec un niveau de finition inédit pour un modèle de série, cette version haut de gamme de la mythique DS incarne l’alliance parfaite entre élégance, confort et innovation.

La DS Pallas se distingue immédiatement par des détails extérieurs luxueux qui soulignent son exclusivité. Elle arbore des baguettes décoratives mêlant inox et caoutchouc, des enjoliveurs spécifiques, des feux arrière ornés d’un habillage chromé, ainsi que des phares additionnels. Chaque élément est pensé pour rehausser son allure et affirmer son statut haut de gamme.

À l’intérieur, l’excellence est tout aussi remarquable. Les sièges, plus épais et dotés de dossiers avant plus hauts, offrent un confort supérieur. Une sellerie en cuir exclusif, proposée en option, renforce encore le caractère prestigieux du véhicule. Chaque détail de l’habitacle, des matériaux aux finitions, est conçu pour séduire une clientèle exigeante en quête de raffinement.

Si la DS Pallas est disponible dans les mêmes coloris que les autres modèles de la gamme, elle se distingue par la possibilité d’opter pour des peintures métallisées exclusives. Une option qui permet à chaque propriétaire de personnaliser son véhicule tout en lui conférant une allure encore plus élégante.

Un million de DS : un jalon historique pour Citroën

Le 7 octobre 1969, Citroën franchit un cap symbolique avec la production de sa millionième DS, un modèle DS 21 Pallas Injection Electronique, sortie de l’usine parisienne du Quai de Javel. Peinte en Sable Métallisé, pavillon inclus, cette voiture de prestige se distingue non seulement par sa rareté, mais aussi par son design raffiné, marquant une nouvelle étape dans l’histoire de la marque.

Après sa sortie de l’usine, cette DS exceptionnelle fait son entrée au Salon de Paris, qui se tient depuis le 2 octobre. Un emplacement privilégié lui est réservé, attirant l’attention de tous les visiteurs. Un tirage au sort est organisé devant huissier, et c’est Gilles Delègue, un jeune homme de 22 ans alors étudiant en deuxième année à l’École Centrale, qui remporte cette voiture mythique.

La millionième Citroën DS entourée d’ouvriers sur la chaîne de l’usine située quai de Javel à Paris en 1968.

Les années 70 : la DS entre dans l’âge de la maturité

Au début des années 70, la DS, déjà un modèle iconique, entre dans une nouvelle phase de son histoire, marquée par des évolutions techniques notables. En 1970, Citroën opère une mise à jour importante en introduisant une nouvelle boîte de vitesses à commande mécanique, désormais à cinq rapports, remplaçant l’ancienne transmission à quatre vitesses. L’année suivante, une version automatique de la boîte, à trois rapports et signée Borg-Warner, est également proposée, apportant plus de confort aux conducteurs.

En septembre 1972, la DS fait un dernier grand bond en avant avec la DS 23, remplaçant la DS 21. Ce modèle, désormais équipé d’un moteur de 2 347 cm3, bénéficie de l’injection électronique, développant une puissance de 141 chevaux et atteignant une vitesse maximale proche de 190 km/h. Ce dernier modèle symbolise l’apogée de la DS, une voiture toujours à la pointe de l’innovation après deux décennies de succès.

La DS : une icône du cinéma

Dès son apparition, la Citroën DS s’impose comme une star, non seulement sur les routes, mais aussi à l’écran. Véritable figure de style, elle devient une incontournable dans le cinéma français et international, enchaînant les rôles marquants. Du film noir à la comédie, la DS s’adapte à tous les genres, et sa présence à l’écran symbolise souvent l’élégance, la puissance et la modernité.


Parmi ses apparitions les plus célèbres, on la retrouve aux côtés de Brigitte Bardot dans Une Parisienne (1957), d’Alain Delon dans Le Samouraï (1967), ou encore avec Jean-Paul Belmondo et Bourvil dans Le Cerveau (1969). La DS est également un véhicule phare dans des classiques du cinéma français tels que L’Âge Ingrat (1964) avec Jean Gabin et Fernandel, ou Rabbi Jacob (1973) avec Louis de Funès.

La Citroën DS : 70 ans d'élégance à la française

La DS n’hésite pas à se réinventer à l’écran, parfois même de manière fantasmée. Dans La Dixième Victime (1965), elle arbore un toit transparent teinté bleu aux côtés de Ursula Andress et Marcello Mastroianni, soulignant son côté avant-gardiste. La voiture va encore plus loin dans Fantômas se Déchaîne (1965), où elle devient un véhicule de science-fiction, équipée d’ailes, d’une dérive escamotable et de réacteurs qui lui permettent de décoller comme un avion.

Enfin, dans Retour vers le Futur 2 (1989) de Robert Zemeckis, co-produit par Steven Spielberg, la DS se transforme en un taxi rouge et jaune de science-fiction, illustrant l’imaginaire de l’année 2015.

La DS : un monument de sculpture automobile

Dès sa sortie, la Citroën DS se distingue non seulement par ses innovations techniques, mais aussi par son design révolutionnaire, qualifié de véritable œuvre d’art.

En 1957, la DS est l’invitée d’honneur de la 11e Triennale de Milan, un événement prestigieux où elle se voit présentée sous une forme totalement inédite. Exposée sans roues, entièrement carénée et posée sur un pied central à plus d’un mètre du sol, la voiture devient un véritable monument vivant. Ce chef-d’œuvre du design est célébré par « l’exposition internationale des arts décoratifs, industriels et de l’architecture moderne » du Palazzo Dell’Arte al Parco, qui décerne à la carrosserie de la DS son Grand Prix d’art industriel, saluant ainsi son audace et sa modernité.

L’année suivante, pour le Salon de l’Automobile de Paris, la DS bénéficie d’une nouvelle mise en avant en tant que sculpture automobile. Avec son avant aérodynamique révisé, la voiture est exposée d’une manière spectaculaire : placée dans une fosse circulaire, elle repose sur un mécanisme motorisé qui la fait lentement pivoter, capturant l’attention de tous. Un effet saisissant pour les visiteurs, dont le général de Gaulle, lors de sa visite officielle, n’hésite pas à s’arrêter pour admirer ce monument roulant.

La DS : une icône de publicité

Avec l’arrivée de la DS, Citroën transforme sa communication publicitaire en véritable œuvre d’art. Dès septembre 1955, un mois avant sa présentation officielle au Salon de l’Automobile de Paris, le premier prospectus de la DS frappe les esprits. Un déferlement de couleurs vives et audacieuses, signé René Dumoulin, annonce déjà la révolution esthétique que représente la voiture.

En octobre 1959, lors du Salon de l’Automobile de Paris, un autre prospectus devient un chef-d’œuvre publicitaire : L’air et l’eau. Cette image, prise par le photographe surréaliste Pierre Jahan, montre la carrosserie de la DS flottant sur quatre énormes ballons rouges au-dessus d’un plan d’eau. Une illustration parfaite du principe de la suspension hydropneumatique de la DS, elle fait rapidement le tour du monde et devient une icône de la publicité automobile, marquant les esprits pour sa créativité et sa modernité.

La Citroën DS : 70 ans élégance à la française

À partir des années 1960, c’est Robert Delpire qui prend les rênes de la publicité de la DS. Son talent de graphiste et d’éditeur porte encore plus haut l’image de la voiture, la sublimant à travers des campagnes de publicité qui allient élégance et avant-garde. La DS devient ainsi bien plus qu’un simple produit automobile : une véritable icône visuelle qui se distingue aussi par sa communication

La fin d’une ère

Le 24 avril 1975, à 15 heures, l’usine du Quai de Javel, à Paris, produit la dernière DS : la 1 456 115e, une DS 23 Pallas Injection Electronique de couleur Bleu Delta. Ce modèle historique porte également le numéro 1 330 755, signifiant qu’il s’agit de la dernière voiture assemblée dans cette usine légendaire. La DS est ensuite livrée à un fidèle automobiliste de la région girondine, un passionné de la marque qui, avant cette dernière acquisition, avait déjà possédé huit autres exemplaires.

La dernière Citroën DS sur la chaîne de l’usine située quai de Javel à Paris en 1975.

Ainsi, après 20 ans d’une carrière exemplaire, la DS tire sa révérence, mais son héritage demeure, ancré dans l’histoire automobile et dans le cœur des collectionneurs et passionnés.

Crédit photos : DS Automobiles