Solex, une icône intemporelle de la mobilité française

Depuis son émergence au début du 20ème siècle, la marque Solex incarne à elle seule l’ingéniosité et l’élégance de l’industrie française. Avec son emblématique VéloSolex, elle a su conquérir le cœur de multiples générations de Français. Aujourd’hui, tout en puisant dans le design intemporel des VéloSolex, Solex fabrique des vélos à assistance électrique. Découvrons l’histoire fascinante de cette icône immuable de la mobilité.

Les débuts de la marque Solex

L’épopée de Solex débute au tournant du 20e siècle avec la fondation de la société par Maurice Goudard et Marcel Mennesson. À ses débuts, la marque se spécialise dans la fabrication de carburateurs et de starters pour l’industrie automobile. Malgré les défis rencontrés dans ce secteur, en 1906, elle remporte un appel d’offres lancé par la Compagnie Générale des Omnibus, équipant ainsi 400 autobus de carburateurs centrifuges. Le 14 juin 1910, la marque est officiellement enregistrée pour la fabrication de « pièces détachées et accessoires pour automobiles et motocycles, tels que : bougies d’allumage, carburateurs et radiateurs ».

La Première Guerre mondiale voit Maurice Goudard et Marcel Mennesson partir sous les drapeaux, laissant la direction de l’entreprise à leur secrétaire. Après le conflit, l’entreprise se relève et étend son rayonnement à l’international, notamment en Allemagne et au Japon.

Le triomphe du VéloSolex

Cependant, le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale plonge l’économie dans une période de déclin. C’est alors que Marcel Mennesson concrétise une idée qui germe dans son esprit depuis plusieurs années : celle d’une bicyclette équipée d’un moteur économique et fiable. Pourtant, les premiers essais de bicyclettes à moteur auxiliaire ont déjà eu lieu sous le nom de BMA.

Crédit photos : Europeana

En décembre 1940, un premier prototype voit le jour, équipé d’un moteur à explosion situé à l’avant, d’une cylindrée de 38 cm³ et d’une transmission par galet. Le positionnement décalé du cylindre par rapport à la roue et le système d’alimentation en essence par pompage direct dans le réservoir font partie de ses caractéristiques. Ce moteur est alors monté sur un cadre de vélo de la marque Alcyon. La teinte noire agrémentée de filets dorés caractérise déjà ce prototype. Les modèles définitifs ultérieurs présentent quant à eux un cadre différent, avec une structure ouverte composée d’un unique tube en col de cygne. Le 7 juillet 1943, un décret datant du 5 juin est publié dans le journal officiel, officialisant la création d’une nouvelle catégorie de deux-roues motorisés : les « bicyclettes à moteur de secours », dont la cylindrée est limitée à un maximum de 50 cm³.

Toutefois, c’est en d’avril 1946 que Solex gravit véritablement les échelons de la renommée avec le dévoilement du légendaire VéloSoleX. Ce dernier connaît un succès fulgurant dès son lancement, son prix de vente étant inférieur à un mois de salaire minimum. 

Un aperçu du moteur du VéloSolex et de ses caractéristiques

Le moteur du VéloSolex est un moteur 2 temps d’une cylindrée de 45 cm3. Son cylindre possède un alésage de 38 mm et son piston une course de 40 mm. Doté de quatre lumières, une pour l’admission, une pour l’échappement, et deux pour le canal de transfert, ce moteur présente une particularité : il n’a pas de transmission directe. L’entraînement est décentré et alimenté par un volant magnétique situé à gauche, tandis qu’à droite se trouve le réservoir d’essence d’une capacité d’environ 1 litre.

Le refroidissement du moteur se fait par des ailettes, et la lubrification est assurée par un mélange composé de 6 parties d’huile pour 94 parties d’essence. La commande du moteur est extrêmement simple : une manette située au guidon contrôle à la fois l’arrivée de gaz et la décompression. Lorsque la manette est tirée complètement, l’arrivée des gaz est coupée et la soupape de décompression est ouverte, ce qui est la position utilisée pour démarrer le moteur en pédalant. En position normale, l’arrivée des gaz est ouverte et la soupape de décompression est fermée.

L’allumage du moteur VéloSolex est de type classique à volant magnétique, équipé de deux solénoïdes, l’un pour l’allumage et l’autre pour l’éclairage. Le phare est intégré au volant magnétique. L’éclairage fournit une tension de 6 volts et un courant de 0,8 ampère. L’échappement se fait par une tubulure le long de la fourche du vélo, avec un silencieux circulaire pour absorber les bruits d’échappement, terminé par un manchon de caoutchouc dans le bras.

La partie vélo du VéloSolex est également spéciale : certains organes sont renforcés sans altérer l’aspect extérieur. Par exemple, un tube cintré va du tube de direction à la tige de selle. Les fourreaux de fourche et la fourche arrière sont des pièces usinées protégées par un brevet, assemblées avec des vis à boulons et un blocage de sécurité. Les câbles de freins sont internes. Les jantes mesurent 26×1 1 ½ x 1 ⅝ et sont équipées de pneus souples.

Les manivelles sont du type à clavette, avec des pédales en caoutchouc. La roue dentée du pédalier a 44 dents, tandis que le pignon arrière en possède 18. La chaîne est de type normal à 104 maillons, protégée par un protège-chaîne.

Le guidon est spécialement conçu, avec un levier de frein à chaque poignée. Le garde-boue enveloppant se termine à l’avant par une bavette près du tube d’échappement et à l’arrière par un porte-plaque éclairé.

Le moteur Solex développe une puissance de 0,4 cv à 2000 tours par minute, qui est son régime normal. Le rapport de transmission est de 100 tours par minute par kilomètre/heure.

Le VéloSoleX se distingue également par son porte-bagage en fil de fer soudé, agrémenté d’une boîte à outils à l’avant. 

En 1947, des modifications sont apportées aux bras de fourche arrière, désormais boulonnés plutôt que soudés. Puis, en 1949, la disposition de la boîte à outils est déplacée derrière le porte-bagage. Le prix du VéloSolex passe de 13600 francs en 1946 à 19418 francs en 1949. A la fin des années 40, 100 Solex se vendent par jour. 

Un service après-vente d’excellence

À cette époque, Solex met en place un service après-vente efficace. VéloSolex se déploie sur le territoire avec la création d’un réseau de stations-services dédiées. Les utilisateurs de VéloSolex peuvent se procurer de la Solexine, un carburant spécialement conçu par BP en 1947. Cette essence pré-mélangée à de l’huile, vendue en bidons de 2 litres, garantit la longévité et les performances optimales du moteur.

Une évolution constante

Pendant les années 50, les VéloSolex évoluent et voient l’introduction des numéros de série, marquant ainsi une nouvelle étape dans leur histoire. En 1953, apparaît le modèle 330, suivi du 660 en 1955, du 1011 en 1957, du 1400 en 1958 et du 1700 en 1959. Durant les années 60, le succès des VéloSolex perdure avec l’arrivée de nouveaux modèles, tels que le 2200 en 1961, le 3300 en 1964, le S3800 en 1966, équipé d’un moteur plus puissant, et le F4 en 1966, conçu spécialement pour les enfants. Puis, dans les années 70, d’autres modèles voient le jour, dont le 5000 en 1971, caractérisé par ses petites roues et disponible en quatre teintes différentes, le Plisolex en 1973, produit à seulement 20 000 exemplaires, le Solex Ténor en 1972 et le 4600 en 1974.

Solex entre tradition et modernité dans l’univers de la mobilité douce

Aujourd’hui, le Groupe Rebirth détient la marque emblématique Solex. Cette renaissance se traduit par la production de vélos à assistance électrique dans l’usine de Saint-Lô. En s’inspirant du design d’origine, la gamme se compose de deux modèles distincts : le Solex Intemporel 1946 Confort, équipé d’un puissant moteur arrière BAFANG de 45 Nm offrant une autonomie de 40 à 100 km, disponible à partir de 1999 euros, et le Solex Intemporel 1946 Infinité, doté d’un moteur central (au niveau du pédalier) de 75 Nm offrant une autonomie de 50 à 100 km, vendu à partir de 2990 euros. En plus, un modèle de Vélosolex pliant électrique est également proposé : compact et pratique, il accompagne les cyclistes dans tous leurs déplacements. Ce dernier est équipé d’un moteur arrière Maxus de 40 Nm offrant une autonomie de 55 à 75 km, disponible à partir de 1499 euros.

Cependant, Solex est actuellement en pleine élaboration d’une toute nouvelle ligne de vélos à assistance électrique. Cette initiative tire son essence des célèbres VéloSolex vintage, qui ont marqué l’histoire de la mobilité. Toutefois, cette nouvelle gamme ne se contente pas uniquement de revisiter le passé ; elle s’attache également à insuffler une dose de modernité et de sophistication. En fusionnant le charme intemporel des modèles classiques avec des technologies de pointe et des designs innovants, Solex aspire à créer des vélos qui incarnent à la fois l’élégance du passé et les exigences contemporaines de performance et de style.