L’automobile dans les années 80 épisode 2 : Talbot-Matra Murena, Renault Fuego et DeLorean DMC-12

Le début des années 80 n’est pas sans conséquence sur l’industrie automobile d’une part par la crise pétrolière et d’autre part par l’obligation de moderniser les usines face à la concurrence asiatique. Au début des années 80, différentes voitures emblématiques de la décennie sont commercialisées comme la Talbot-Matra Murena, la Renault Fuego et la Delorean DMC-12.  

La Talbot- Matra Murena : Quand la sportivité rencontre le style français

La Talbot-Matra Murena est le fruit de la collaboration entre Talbot et Matra. Elle est présentée au public le 29 septembre 1980 et commercialisée à partir de 1981. La Murena est un coupé sportif à moteur central transversal disponible en trois  motorisations : 1,6 l développant 92 ch, 2,2 l développant 118 ch et 2,2 l développant 142 ch pour la Murena S. 

Le projet P551 est lancé en 1979 pour remplacer la Bagheera. Son design futuriste, avec ses lignes anguleuses et sa carrosserie en fibre de verre, est l’œuvre du designer italien Antonis Volanis. Résolument moderne pour son époque, son design extérieur donne une allure sportive à la Murena tandis que son intérieur adopte une allure plus conventionnelle et luxueuse. 

Une fois le style global défini, une maquette grandeur nature en plâtre est réalisée pour confirmer ou modifier les formes et les orientations. Des questions cruciales telles que l’inclusion d’un hayon arrière ou d’un capot sont débattues. Par la suite, une deuxième maquette grandeur nature est créée pour les essais en soufflerie et pour améliorer les détails tels que les jantes, les rétroviseurs, les prises d’air, les baguettes, les enjoliveurs, etc. Une troisième maquette d’étude d’habitabilité est réalisée pour valider les éléments intérieurs. Enfin, une dernière maquette est fabriquée pour produire les moules nécessaires à la fabrication des éléments de carrosserie en résine injectée. Les premiers prototypes roulants sont prêts au début de l’année 1980. La Murena a la particularité d’avoir sur sa carrosserie un traitement anti-corrosion. 

La Murena est présentée à la presse en 1980 dans le sud de la France puis au Maroc. Elle rencontre un fort enthousiasme de la part des journalistes pour son design et sa tenue de route, seule ses motorisations reçoivent quelques critiques. 

L’intérieur de la Murena est doté de finition et des équipements en fonction du modèle. La Murena 1,6 l reçoit des sièges recouvert d’un tissu pied de poule marron, d’un compte tour, d’un cadenceur d’essuie-glaces, d’un rétroviseur droit, de pré équipement radio, d’une montre analogique, de feux de recul et antibrouillards, d’une lunette arrière dégivrante et de pare-soleil de série. La Murena 1.6L est livrée avec des jantes en acier équipées d’enjoliveurs polis.  La Murena 2,2 est dotée d’un équipement d’un niveau supérieur à la 1,6l. Elle a des sièges en velours couleurs miel, des vitres électriques teintées, un compte tour, un cadenceur d’essuie-glaces, un rétroviseur droit, un pré équipement radio, une montre analogique, des feux de recul et antibrouillards, une lunette arrière dégivrante et pare-soleil et des jantes aluminium 14″ de série. Tous les modèles de Murena sont équipés de trois sièges disposés à l’avant. 

La Talbot-Matra Murena S est une version commercialisée en 1984. Mécaniquement, elle est identique à la version 2,2 l mais elle est kitée à 142 ch par les concessionnaires. Sa différence est également dans quelques détails spécifiques à cette version : 

  • un logo spécifique sur le pare-chocs avant
  • des logos et filets de couleurs sont visibles sur les côtés 
  • une moquette épaisse habille la plage arrière
  • la trappe moteur est bordé de skaï noir 

480 exemplaires de la Murena S sont vendus dotés de ce moteur kité. 

Différents accessoires sont disponibles au catalogue pour équiper sa Murena comme une attache de remorque, un toit ouvrant en verre, un toit ouvrant en vinyle, des déflecteurs, des barres de toit ou encore des décorations adhésives. 

La Murena est arrêtée d’être commercialisée en 1984 avec seulement 10680 exemplaires vendues de 1981 à 1984. 

La Renault Fuego, un coupé emblématique de son époque

La Renault Fuego est présentée au salon de Genève en mars 1980. Elle est conçue pour remplacer les Renault 15 et 17. Elle reçoit un accueil favorable de la part du public avec sa ligne moderne. Les essais presse se déroulent en Espagne pour rendre hommage à son nom Fuego.

Le design est réalisé au centre de style de Renault dirigé par Robert Opron sur la base des dessins de Michel Jardin. Sa ligne originale avec sa ceinture d’un noir mat tout autour de la caisse lui donne un style moderne pour son époque. Large surface vitrée, formes arrondies, la hauteur de caisse et la compacité de l’arrière évoquent la vitesse. Un spoiler avant et un becquet arrière lui permettent de mieux coller au sol. Un effort est fait sur la partie fonctionnelle du tableau de bord avec tous les instruments de bord pour une information complète. Ainsi sur la GTX par exemple, le niveau d’huile est à lecture directe sur le tableau de bord. Son grand hayon vitré à l’arrière dévoile le coffre à l’intérieur et laisse à la vue de tous les bagages. Les sièges arrière au rabattement différentiel offrent la possibilité d’agrandir le coffre. Des innovations sont appliquées à la Fuego comme le réglable en hauteur du volant et une servodirection. La Fuego a des jantes alliages chaussées de pneus extra larges. 

La Renault Fuego inaugure et préfigure la nouvelle génération de voiture avec un coefficient de pénétration dans l’air d’à peine 0,35 soit 7 points de moins que la moyenne européenne au début des années 80. 

Elle reprend les bases techniques de la Renault 18 avec des améliorations notamment sur le train avant. Renault propose à son lancement plusieurs modèles de Fuego en combinant diverses possibilités :  la version GTS avec un moteur Cléon-Alu de 1647 cm3 de 96 ch et les versions TL et GTL avec un moteur Cléon Fonte de 1397 cm3 de 64 ch avec un boîte de vitesses à 4 rapports pour la TL et 5 rapports pour la GTL. Une version avec une boîte de vitesses automatique est également commercialisée.

En 1981, deux autres versions apparaissent, les TX et GTX avec le moteur Douvrin de 1995 cm3 de 110 ch. La Fuego GTX est équipée de série des essuie-lave projecteurs, de ceintures de sécurité à enrouleurs, de lève vitres électriques, d’une direction assistée et d’autres équipements lui donnant une allure haut de gamme. 

La version Turbo Diesel est commercialisée en 1983 un moteur de 2068 cm3. 

Une version cabriolet est réalisée par Heuliez sur la base de version Turbo uniquement pour le marché américain. La voiture est transformée à Cerizay sur la base d’un coupé 1982. La voiture non terminée est expédiée au printemps à l’usine AMC de Jacksonville aux USA. Elle y reçoit les éléments spécifiques au marché américain : pare-chocs plus imposants avec amortisseurs de choc intégrés pouvant amortir des chocs de moins de 8 km/h, mais également les phares, clignotants et feux de position latéraux aux normes américaines. Elle reçoit également une ligne d’échappement à catalyseur. Le cabriolet Fuego USA est exposé au Salon de l’Automobile de Paris d’octobre 1982, remportant tous les suffrages par son élégance. Mais les difficultés d’AMC incitent Renault à ne pas prendre de risques exagérés avec sa filiale américaine, et le cabriolet Fuego n’est pas commercialisé. Un prototype est vendu aux enchères à 10772 € en 2012 au Mans Classic. 

La Renault Fuego est souvent mal aimée. Certains journaux l’ont comparé à la Porsche 924 en raison de sa ressemblance esthétique mais certains disent que c’est la Porsche du pauvre. Elle apparaît dans le film Qui a tué Pamela Rose ? avec Kad et Olivier sous un aspect péjoratif puisque dans la scène où l’on voit la Fuego le passager demande au chauffeur “c’est quoi cette caisse pourri” et le chauffeur répond “c’est une voiture de collection, une Renault Fuego”. A partir de là, beaucoup de monde se sont mis à détester la Fuego mais uniquement en France puisqu’elle est reconnue comme une voiture sportive en Allemagne par exemple. 

La Renault Fuego est fabriquée à l’usine MCA de Maubeuge d’octobre 1979 à juin 1985 et en Argentine de mars 1982 à 1992. Le stock de Fuego est écoulé jusqu’en 1987 en Europe avec un total de 265 397 exemplaires vendues depuis sa première commercialisation. 

La DeLorean DMC-12, vivez vos rêves dès à présent !

La DeLorean DMC 12 est une voiture de sport conçue et produite par DeLorean Motors Company. John DeLorean qui est alors vice-président de General Motors, a conçu quelques années plus tôt la Pontiac GTO. Il avait ciblé au mieux les jeunes et le style de la côte ouest des Etats-Unis. En 1973, la crise pétrolière frappe le monde et DeLorean souhaite imaginer une voiture économe en carburant mais aussi sportive pour des automobilistes soucieux de l’environnement. 

La DeLorean DMC-12 est un coupé avec deux portes papillons avec une carrosserie en acier inoxydable et une caisse en fibre de verre avec des panneaux en inox dessus. La DeLorean DMC-12 est équipée d’un moteur V6 PRV développant 130 ch. 

Le design est réalisé par l’italien Giorgetto Giugiaro en 1975. Une maquette de style est réalisée et envoyée au siège de DMC à Détroit. Puis la maquette est envoyée à Belfast et subit que son design soit affiné. 

En 1976, un premier prototype roulant donne l’idée générale de ce qui sera la DMC-12. Avec ses portes papillons et sa carrosserie en inox brossé brut, la DMC-12 a un look futuriste. Le prototype est doté d’un moteur 4 cylindres de chez Citroën couplé à une boite de vitesses à 4 rapports. Un an plus tard, un deuxième prototype est créé avec un moteur V6 à injection PRV de 2,8 L. 

Un prototype est présenté à des concessionnaires automobiles. A la suite de cette présentation, 350 concessionnaires pré-commande la voiture. Il fallait 200 millions de dollars pour débuter la production de la DeLorean DMC-12. John DeLorean souhaitait au départ produire sa voiture à Détroit, berceau de la production automobile américaine à l’époque, puis il fera le tour du monde pour trouver l’endroit où il implante son usine. C’est finalement en Irlande du Nord que l’usine est construite, le gouvernement britannique et nord irlandaise s’est engagé à financer DeLorean à hauteur de 84 millions de livre. L’Irlande du Nord est en proie depuis plusieurs années à un violent conflit entre les catholiques et les protestants. A Belfast, John DeLorean est traité comme un héros. Il donne de l’espoir aux habitants de Belfast pour trouver un emploi dans un contexte où le chômage est important. John DeLorean souhaite que la DeLorean DMC-12 soit mise sur le marché dans 2 ans et pour le faire il choisit Colin Chapman de chez Lotus. Ce dernier est chargé de l’ingénierie et demande à Delorean de se séparer de son équipe. Les retards de production s’accumulent et DeLorean est à court de financement. De plus, les manifestants attaquent l’usine et détruisent partiellement cette dernière. DeLorean persuade le gouvernement britannique de financer la reconstruction de l’usine. 

Les premières DeLorean DMC-12 sortent de l’usine le 21 janvier 1981 soit au bout de 28 mois. Les premiers modèles sont expédiés aux Etats-Unis pour les concessionnaires qui ont précommandé la voiture mais la qualité de fabrication laisse à désirer. Les problèmes sont résolus l’année suivante. Les DMC-12 sont vendues avec une garantie de 12 mois et un contrat de service de 5 ans ou 80000 km. A cette époque là, DeLorean imagine que la Californie est le marché le plus lucratif pour sa voiture. 

La seconde DeLorean DMC-12 à sortir des chaînes de production est soumise à des modifications de grande envergure chez Legend Industrie. Des améliorations mécaniques sont apportées, notamment l’intégration de nouveaux éléments moteurs similaires à ceux de l’Alpine A310. Deux filtres à air sont astucieusement positionnés dans les angles du compartiment moteur, reliés au collecteur d’admission, qui à son tour est connecté à l’entrée d’air du système d’injection K-Jetronic. De plus, deux turbocompresseurs sont soigneusement liés, l’un au collecteur d’admission et l’autre au système d’échappement, lequel est spécialement conçu pour s’adapter parfaitement à l’ensemble. Il est fort probable qu’un intercooler air/air ait également été installé. Grâce à ces ajouts, la puissance de la voiture atteint désormais 350 chevaux, avec une accélération de 0 à 60 mph (96 km/h) en 5,8 secondes, et elle a réussi à parcourir le quart de mile (402 mètres) en 14,7 secondes 28,29.

La compagnie American Express lance une promotion exceptionnelle pour Noël 1980 en proposant à ses clients les plus fidèles, détenteurs de la carte de paiement « gold », d’acquérir une DeLorean DMC-12 plaquée en or 24 carats. Pour cela, American Express signe un contrat avec la DeLorean Motor Company, permettant la production de 100 voitures de cette édition limitée, vendues au prix de 85 000 dollars chacune. Considérée comme « la voiture la plus luxueuse du monde », cette DeLorean est décrite dans le catalogue comme une voiture de sport futuriste, dotée de portes papillon et d’une carrosserie en acier inoxydable galvanisée avec de l’or pur. Seules deux voitures sont vendues parmi les trois produites en usine, tandis que deux autres sont plaquées en or sur demande de leurs propriétaires.

Dès la fin de l’année 81, la demande en DMC-12 est plus faible que prévu. Les ventes annuelles plafonnent à 6000 exemplaires au lieu de 10000 – 12000 pour que cela soit rentable. En 1982, les affaires vont mal, John DeLorean cherche toujours des financements mais le gouvernement britannique refuse. Il fait appel à des investisseurs privés mais ce n’est pas concluant. Il est arrêté en octobre 1982 pour trafic de drogue à la suite d’un piège tendu par le FBI et un non lieu est prononcé par la justice. 

Les fonds nécessaires au fonctionnement de DeLorean Motors Company ne sont pas réunis et l’entreprise fait faillite 26 octobre 1982. Une centaine de DMC-12 sont construites jusqu’en 1983 par Consolidated International et le stock de pièces détachées est racheté par une entreprise de Colombus en Ohio. Au total, 8 583 exemplaires sont produits de 1981 à 1983. 

La DeLorean DMC-12 est devenue une icône de la culture populaire grâce à son apparition mémorable dans la trilogie cinématographique « Retour vers le futur ». Ce modèle unique, avec ses portes papillon et son allure futuriste, captive l’imagination des spectateurs du monde entier.

Dans le film, la DeLorean DMC-12 est transformée en machine à remonter le temps par le célèbre Doc Brown, interprété par Christopher Lloyd. Le duo principal, Marty McFly, joué par Michael J. Fox, embarque à bord de la DeLorean pour vivre des aventures temporelles palpitantes. Son design emblématique et son système de flux de plutonium marquent instantanément les esprits des cinéphiles.

Au fil des années, la DeLorean devient un symbole de la culture geek et de la nostalgie des années 80. Elle devient  l’un des objets de collection les plus prisés pour les amateurs de voitures et les fans de la franchise. Malgré sa production limitée et son bref passage sur le marché automobile, la DeLorean DMC-12 continue de susciter l’admiration et l’engouement.

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Focus sur l’automobile dans les années 80

Crédit photos : Stellantis, RM Sothby’s, Vintage Road Trip, Wikimedia Commons